C’est la vocation du glaneur,
Comprendre, prendre avec soi.
C’est la mission que se donne cet explorateur de mondes. Son travail est une invitation, un lieu d’acceuil, une vaste tablée où chacun.e est convié.e. Observateur, goûteur, l’esprit en ébulition, c’est un magicien du regard: il porte son attention sur les oeuvre d’autrui, en appelle aux sensations qu’il éprouve dans ses voyages rêvés. Son oeil est un prisme au travers duquel passent nos univers respectifs. Il capte, et engrange.
Rapprocher: faire passer, mettre en relation.
L’entreprise d’un messager, c’est de tracer des routes, d’ériger des ponts, d’abattre les frontières en bâtissant des portes. Le geste qui est le sien est un pas en avant, vers l’autre. C’est un tisserand de l’imaginaire, un orfêvre amoureux des rencontres et des récits. Il fait résonner les archives, les lettres sans réponses, les mémoires incertaines. Il relie et fabrique.
Apprendre: déplier, dépasser, mettre en oeuvre.
Il fait feu de tout bois, use de tous les outils. Car il sait faire des formes un alphabet, des images des signes, des mots des paysages et des couleurs des saveurs. Tout pour lui constitue des matières premières qu’il assemble, dépiote, extrait, déploie.
Fin gourmet, en constante recherche, les sens en éveil, la plume à l’affût.
Il saisit, pétrit, malaxe, arrange, mijote, questione.
Jongleur, maître de cérémonie, chasseur-ceuilleur, maçon-marmiton.
Zoë Viala à propos du travail d’Ernest Thinon